Saturday, 28 November 2009

Rev Fr Jean Sibille, C.SS.R. (1910-1944)

Here we present the life of Fr Sibille. Unfortunately the posts are only available in French at present, but as usual we give a short summary of each chapter and some documents in English.


A note written on a calendar page by Fr Sibille:
Monday 7 August
St Laurent de Terregatte

My God, I willingly offer
the sacrifice of my life for France,
for the J.O.C., for souls!
Souls! . . . Souls!!

7 August 1944
Fr Jean Sibille



***
A Testimonial


14 August 1945
Monsieur Pierre SIBILLE
BOUZONVILLE (Moselle)
19, Rue de la République

Dear Sir,
May I above all present to you in the name of Captain Maggiar, and in my own name and that of all his companions in the regiment, our profound and respectful condolences.

Your son has left amongst us unforgettable memories. He was with us in North Africa during the formation of the regiment, in England during its training and during the long period we awaited our landing. His activity was a precious help for the commanding officers. From the beginning of the campaign in France he shared our sorrows: while accompanying to their deaths our first fallen, as well as sharing our joys at the victories in Normandy and at the liberation of Paris.

His discreet and efficacious apostolate and his ceaseless activity, his good humour and his smile made him the friend and confidant of all. The gift he had of always finding himself wherever his presence was necessary, the simplicity and authority with which he fulfilled a task rendered very difficult by the dispersion of his Regiment, have made him appear to us as the very epitome of a military chaplain par excellence.

It is with very profound grief that we saw him leave us – at the threshold of his native Lorraine, which he so loved and of which he spoke to us with such fervour and emotion. His death has left in our ranks an empty place, which will never be filled.

This death is marked for us with the signs of purity and of simplicity which were certainly two of the dominant characteristics of your son's life.

I wished him a final farewell before he was placed in the coffin, in death his face had retained his calm, smiling aspect which we all knew and loved so much in him.

As I told you, and I hope it will be for you a consolation as it was for us, your son died for his country and his Faith in the exercise of his apostolate.

Please deign to receive, dear Sir, the expression of my very sincere condolences and at the same time the assurance of my best wishes.

Captain Martinet
Second Commander of the Armoured Regiment of Marine Gunners

***

Notice
Second Armoured Division
Armoured Regiment of the Marine Gunners


Extract
of the decree of 13 February 1945
Official Journal of 4 March 1945


Nomination to the National Order of the Legion of Honour
(under posthumous title)

Sibille. J. Naval Chaplain
"A chaplain whose influence and total disregard of danger commanded admiration. Always in the front line, lifting the moral of all he approached by his calm words.
Already recommended twice, he fell mortally wounded at Flin where he had come to bring aid to two men who were gravely wounded.
P.C.C.
Captain Maggiar,
Commandant of the Armoured Regiment of the Marine Gunners
Signed, Maggiar

This citation carries with it the conferral of the "Croix de Guerre" with palms.

Captain Martinet
Second in Command of the R.B.F.M.
Signed, Martinet

Chapter One
Summary in English


Fr Jean Sibille was born in Bouzonville, a little city of Lorraine in the diocese of Metz. Interestingly Bouzonville gave three of its best sons to the Congregation of the Most Holy Redeemer – Fathers Glaser, Altmeyer and Sibille, and even more interestingly and somewhat strangely, each of these Redemptorists died at exactly the same age of 34 years in 1932, 1946 and 1944 respectively. The mayor of Bouzonville has posted a good number of old photographs of the town which give a good idea of the places mentioned in the early chapters of this presentation. You can view the pictures here.

Father was the sixth child after four girls and then a much prayed for little boy who died in infancy. He had also two younger sisters. Amongst many childhood incidents there is an amusing one of an officers "kepi" or military hat given to Jean by a cousin and which he proudly wore as his Sunday best.

He also had a tender love for animals and a generally sensitive disposition. His father, with some strictness, instilled discipline into his son, something which would serve him well later on. "I was raised by parents both pious and very conscious of their duty," attested Father Sibille.

Chapitre Ier
UN GARCON ET SIX FILLES


Allongée au bord de la Nied, Bouzonville, petite cité lorraine du diocèse de Metz, garde le cachet d’une bourgade moyenâgeuse. Son ancienne abbaye bénédictine du titre de Sainte-Croix, fondée vers 1030 par Albert d’Alsace, comte de Metz, et son épouse Judith, incendiée et restaurée plus d’une fois, transformée maintenant en hôpital, continue sa mission séculaire d’asile des pauvres et des souffrants. Toute impregnée des prières des moines, l’église paroissiale, en style ogival du XIVe siècle, à trois nefs, conserve une relique insigne de la vraie croix que le comte Albert avait rapportée d’un pélérinage en Palestine. (1)

La longue liste des quarante abbés de Bouzonville s’augmenta, au cours des siècles, de plus d’une belle figure sacerdotale ou religieuse.

Cette petite ville donna trois de ses meilleurs enfants à la Congrégation des Rédemptoristes, les Pères Glaser, Altmayer et Sibille, morts tous trois dans la fleur de leurs trente quatre ans.

Dans l’automne de 1910, Monsieur Glaser, clerc de notaire et chantre sacristain, voit partir son fils Joseph au petit séminaire de Montigny-les-Metz. Joseph, mobilisé en 1916, connaît toutes les horreurs des champs de bataille de la Galicie, de la Macédoine et de la France. Après deux années de Grand-Séminaire, ses voeux les plus ardents se réalisent. Il est admis, le 9 septembre 1920, au noviciat des Pères Rédemptoristes aux Trois-Epis. Doué de talents remarquables, le jeune prêtre se prépare au professorat en suivant les cours du Collège Angélique de Rome. Muni de tous les diplômes, il occupe la chaire de Droit cannon au scolasticat d’Echternach, avec une compétence et une conscience admirables. Mais dans la chaire de la parole divine, le Père se surpasse et fête de véritables triomphes. Le peuple et des nombreux prêtres, avides d’entendre sa parole harmonieuse, imagée et si riche en doctrine, le réclament comme missionnaire. Les supérieurs ayant accédés à ces désirs, le Père Glaser quitte l’enseignement pour se livrer à la prédication et aux travaux apostoliques.

La maladie de Basedow et la septicémie vinrent arrêter net sa brillante carrière. Terrassé, il demande des prières non pour guérir, mais pour faire la volonté de Dieu. “Mes forces déclinent, mes ailes sont brisées. Je ne pourrai plus voler que jusqu’à Dieu, mon Père. Venez, Seigneur Jésus.” Le 1er juin 1932, âgé de trente quatre ans, il prend son essor vers le ciel dans un dernier chant qui se mêlera harmonieusement aux accords des saints et des anges.

Le Père Jules Altmayer, né le 16 février 1911 à Château-Rouge, mais élevé à Bouzonville où son père tenait un atelier de sculpture, marcha dignement sur les traces de son compatriote. Après un bref séjour au petit-séminaire de Montigny, suivant son attrait pour la vie religieuse, il continua ses études chez les Pères Rédemptoristes. Sa santé fragile et sa faiblesse cardiaque ne l’empêchèrent pas de fournir un beau rendement, d’abord comme professeur de mathématiques au pensionnat de Bertigny près de Fribourg en Suisse, ensuite comme desservant de la petite paroisse de Froidos dans la Meuse où il avait trouvé un refuge durant ces années de guerre. Ne pouvant atteindre les âmes par la prédication, son zèle eut recours au ministère de la plume. Ses articles dans la revue “Le Perpétuel Secours” présentaient une doctrine ascétique solide et profonde dans un style vivant et concis. Toujours souffrant, souvent alité, il fut le vrai Père des infirmes, veillant à leurs intérêts spirituels et même matériels. Préoccupé de fonder des homes pour les malades, il s’en fut jusqu’à Annecy en quête de renseignements et de dévouements. C’est là que le dimanche 27 octobre 1946, le Christ-Roi vint prendre son jeune et fidèle serviteur, chargé de mérites et de bonnes oeuvres.

Et voici leur frère et leur émule, le souriant Père Jean Sibille. Sur la gauche de cette large rue pavée qui aboutit à l’église paroissiale s’élève une maison haute et mince qui s’ouvre au rez-de-chaussée sur un petit magasin de chaussures. Le cordonnier qui l’habite, Monsieur Pierre Sibille, rappelle bien un peu son brave compagnon dont parle La Fontaine.

“... il chante du matin jusqu’au soir,
Plus content qu’aucun des sept sages.
Il n’entasse guère

Un jour sur l’autre : il suffit qu’à la fin
Il attrape le bout de l’année :
Chaque jour amène son pain.”


Et, de 1902 à 1907, chaque année ou chaque deuxième année amène son enfant. Le cher papa et madame Marguerite Nadé, la bonne maman, l’acceuillent avec une joie toujours neuve. Ce sont des chrétiens de vieille souche. Une soeur et une tante de Mr.Sibille sont religieuses de la Providence de Peltre. Mais pourquoi Dieu ne leur envoie-t-il que des filles? Enfin, le 19 décembre 1908, au n° 189 de la Grand’Rue (actuellement n° 19 rue de la République) le bonheur leur sourit : après quatre filles, voici un joli garçon! Hélas ! le petit Gustave préfère la compagnie des anges à celle de ses soeurs qui l’ont pourtant couvert de leurs baisers et entouré de mille attentions. Après deux mois il s’est envolé au paradis.

Les prières redoublent dans ce foyer si religieux. On conjure le ciel d’envoyer un autre petit frère qui se plairait mieux sur notre terre et qui serait un jour officier, médecin, curé, missionnaire, et qui sait, peut-être même évêque ! Le 29 avril 1910, l’enfant prodige fait son entrée en ce monde. Tous le trouvent plein de charmes et de grâces. Dès le 5 mai on le porte en triomphe à l’église pour le baptême. Jean sera son nom. Il sera choyé et cajolé par tout son entourage. En 1912 et 1916, deux autres soeurs viendront encore égayer le cercle familial.

Petit bambin doux et timide, il fréquentera, dès l’âge le plus tendre, l’école maternelle tenue par ses éducatrices modèles que sont les Soeurs de Peltre. Durant les récréations, il prendra ses ébats autour du puits séculaire de la grande cour de l’ancienne Abbaye.

Tel jour de la guerre 1914-1918, un grand convoi de troupes passe devant la maison paternelle. Les habitants sont sur le pas de la porte pour le voir défiler. Les chevaux glissent sur le pavé humide, quelques-uns s’abattent et ont de la peine à se relever. Tout à coup, Jeannot a disparu. On le trouve dans un coin de la cuisine, se bouchant les yeux et les oreilles. Son tendre coeur ne pouvait voir souffrir les pauvres bêtes.

Trois petits chiens lui furent offertes tour à tour. On ne pouvait lui faire de meilleur cadeau. Malheureusement, en grandissant ils tombèrent tous malades. Quel gros chagrin ! Il s’en alla avec ses chers toutous chez le vétérinaire. En infirmier consciencieux et dévoué, il leur administra tous les remèdes. Hélas ! tous ses soins furent inutiles. Et Loulou et Fidèle et Mimi, tous les trois, trépassèrent. Pour Jeannot ce fut chaque fois un jour de deuil où il ne put prendre aucune nourriture.

A la belle saison, Jean sort tous les jours avec ses deux chèvres pour les mener auix pâturages. Les chevaux eux-mêmes ne l’effraient pas. En ces années 1915-1916, les médecins sortent encore en coupé. A califourchon sur le cheval de flèche, Jean n’est pas peu fier de conduire l’attelage de Monsieur le docteur de Bouzonville. Malheureusement, il est désarçonné à la première caracole. L’accident risque de devenir très grave. Les deux chevaux arrière se cabrent et s’emballent. On relève le cavalier qui saigne et crie à tue-tête. La frayeur a été plus grande que la blessure. Cependant, toute sa vie, Jean gardera les traces d’un beau fer à cheval imprimées dans le cuir chevelu.

Tout jeune, il donne déjà de belles preuves de son ardent patriotisme. En 1918, un sien cousin de Rennes lui a offert un magnifique képi d’officier. Un képi rouge ! Ce sera la coiffure des dimanches et des grandes fêtes.

Achille, quoique éduqué au milieu des filles de Lycomède, fut nouri par le centaure Chiron de moelle des lions. Il devint un homme, le plus fameux des héros grecs. “J’eus le bonheur d’être élevé par des parents pieux et très conscients de leurs devoirs,” témoignera Jean Sibille. De bonne heure il récite ses prières au petit Jésus et à la bonne Mère Marie.

“La discipline, dit le vieil adage militaire, est la force principale des armées.” Elle est aussi le principe d’une bonne éducation, pensait le brave papa Sibille qui depuis vingt-sept ans, avec sa hallebarde, sa grande stature et sa longue moustache, maintient l’ordre à l’église de Bouzonville, en s’y promenant en son constume chamarré de suisse. A Jean il n’épargnera pas l’effort dur et soutenu. Il avait bien compris que “rien n’est dangereux pour celui qui est dessous comme la bonhomie de celui qui est dessus” (2). Jean qui prêchera si bien l’esprit de sacrifice aux Coeurs Vaillants parlera d’expérience quand il leur dira : “Pour qu’un gâteau soit meilleur on le saupoudre de quelques grains de sucre, pour bonifier une omelette, il faut quelques grains de sel, pour rendre une journée plus belle, il faut l’assaisonner de quelques sacrifices. Les grains de sacrifice piquent d’abord comme le sel, mais ils se transforment ensuite en sucre et c’est le bon goût qui reste.”

Chacune de ses journées est parsemée de ces petits sacrifices. Tous les matins, il est levé de très bonne heure, pour servir la messe à l’Ecole ménagère d’abord et ensuite à l’église paroissiale. “Si l’effort coûte, l’effort paie. Il rapporte plus de bonheur qu’il n’impose de peine. En meutrissant notre appétit de jouir, le renoncement fait saigner la chair du vieil homme, mais en épanouissant nos sentiments les meilleurs, il fait chanter l’âme du régénéré.” (3) †

(Taken from the life by Rev Fr P. Stricher, C.SS.R. "Chaplain of the Marine Gunners," and typed by Mr Aime Dupont of Flanders.)

1. Allemang, art. Bouzonville, Dictionnaire d’Histoire et de Géographie Ecclésiastiques, Fasc. LV – LVI, col. 284-286.
2. CH. PEGUY, cité par G. COURTOIS, L’art d’être Chef, Lyon, Editions Rivoire, p. 127-128.
3. ABBE TELLIER DE PONCHEVILLE, causerie de Radio Strasbourg, 5 oct. 1938, La Croix, 13 oct. 1938.

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Tuesday, 24 November 2009

Rev. Fr Edmond Declerq, C.SS.R. (1865-1932)

Father was born at Rebaix, Belgium, on 3 November 1865 and made his religious profession on 4 October 1885. He was ordained to the sacred priesthood on 5 October, 1890.

The unanimous sorrow expressed at his death by the faithful and confreres who had known him was a vibrant testimony of the good accomplished by this valiant missioner who had criss-crossed Belgium during the 40 long years of his apostolate.

Possessed of a truly popular eloquence, he well knew how to make his Missions and retreats profitable in the search for lost souls and in directing the faithful towards solid piety. God alone knows the good he worked.

These consoling results Father Declerq humbly attributed to the Christian formation he had received in his family home and to those who formed him in the religious and apostolic life. But most of all he attributed any success to Our Mother of Perpetual Succour to whom he had a remarkable devotion, and whose cult he had propagated with unceasing zeal.

He hoped for the strength to pursue his apostolate for a few more years but his strength failed him. He had to cease the good fight – for thus was God's Will, and he passed his last days in terrible sufferings which he bore courageously, offering them to Jesus and Mary for the salvation of souls.

Father died at the monastery of Tornai on 22 May 1932 and was buried in the cemetery of Rumillies.

O Mary, Mother of Perpetual Succour, grant to me thy Perpetual Succour, and make me to ask it of thee with cease. †

[From Father's Mortuary Card]

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Saturday, 21 November 2009

Very Rev Fr Bernard Hafkenscheid, C.SS.R. (1807 – 1865) — Chapter III

Doctor of Theology
and One of the Greatest
Redemptorist Missioners of All Time


Written by Rev Fr M.J.A. Lans
Professor at the Minor Seminary of Haarlem, Holland

CHAPTER III
Summary in English

From the time of their arrival in Rome the two companions sought to be admitted to the Roman College. With the aid of the Camaldolese Cardinal Capellari, the future Pope Gregory XVI and Mgr Caprano, they were speedily found lodgings. Pope Leo XII had greatly at heart the welfare of Dutch students who found themselves in difficulty and he had appointed a priest to take care of them and also offered financial aid for students in difficulty.

They quickly settled into the life of the seminary. The are extant many letters written by Fr Bernard which describe their life in the Roman College. Beelen and Hafkenscheid became ever firmer friends. They also befriended a French advocate and their evenings were often spent in the discussion of various literary works.

The two friends applied themselves very seriously to their studies, appreciating their value, and the value of time, studying, as they were, with around 2000 other young men. Fr Bernard went so far as to write to his parents that the personage whose company he frequented the most was "somebody" called “Thomas Aquinas”. But he did have other interests too – the better writings of de Lammenais before his apostasy, and for recreation the great Italian poet, Torqueto Tasso. Tea was his preferred guide to the Eternal City. During their holidays he and Beeler were able to make several improving pilgrimages.

Fr Bernard's beautiful voice was in much admiration by the college choir – in fact his talent would have led him to the Papal Choir, but for the fact that this office would have required an engagement of 25 years!

His ardent application to his studies was for him the admiration of his teachers and he was regarded as one of the most remarkable students of the Roman College. He obtained the silver medal in Dogmatic Theology for his dissertation against Jansenius' fifth condemned proposition. The medal – one of the most coveted in Rome – was presented to him by the then Jesuit General, Most Rev. Father Roothaan, himself a Hollander. The award was a cause of great rejoicing to the other Dutch students in Rome whose prestige was well boosted by the success of their compatriot.

Father Bernard was also the life and soul of that same student community who were most saddened when their friend "Hafje", as they called him, was not able to be present at their reunions, of which he was the example and the edification.


Chapitre III
Etudes de Bernard a Rome


Dès le premier jour de leur arrivée dans la Ville éternelle, les deux amis se mirent à en parcourir les rues, cherchant la demeure de quelque étudiant hollandais, qui pût les aider à se faire admettre au Collège Romain. Ils surent bientôt qu'ils devaient se rendre auprès du cardinal Capellari (plus tard Grégoire XVI), ou bien chez Mgr Caprano, secrétaire de la Propagande. Leur résolution fut bientôt prise; dès le lendemain ils se présentèrent à l'hôtel du cardinal, munis d'une foule de lettres de recommandation. Son Eminence les accueillit avec bonté et leur dit de se rendre, le jour suivant, chez Mgr Caprano.

Toujours plein de sollicitude pour ses enfants persécutés, le Souverain Pontife avait pris grandement à coeur les intérêts des séminaristes exilés de la Hollande. Mgr Caprano, après avoir reçu nos deux jeunes gens de la manière la plus affable, leur manifesta le désir de Sa Sainteté, Léon XII, que les séminaristes hollandais qui venaient à Rome, poursuivîssent leurs études au Collège Romain; que s'ils n'avaient pas assez de fortune pour se procurer à leurs frais le vivre et le logement, la Propagande leur viendrait en aide et pourvoirait à leurs besoins.
Par une attention délicate, un prêtre, le P. Lacroix, était expressément chargé par le Souverain Pontife de prendre en mains les intérêts des étudiants hollandais. Ce bon prêtre se mit incontinent à la recherche d'une demeure convenable pour ses nouveaux clients, et ce jour-là même Hafkenscheid et Beelen, après s'être fait inscrire comme théologiens au Collège Romain, purent fixer leur tente : Via dell' Angelo custode [1].

Les deux amis prirent, sans tarder, leurs mesures pour atteindre le but qui les avait amenés à Rome. Conduite régulière, peu de rapports avec le monde, fuite des divertissements, zèle persévérant pour l'étude, telles sont les règles qu'ils se prescrivirent, et auxquelles ils se conformèrent ponctuellement durant tout leur séjour dans la Ville éternelle. Il n'y avait encore que peu de temps qu'ils étaient à Rome, lorsque Bernard fit connaître à ses parents son ordre du jour : "Le matin, disait-il, je me lève vers sept heures ... Vers huit heures, nous allons au Collège, qui est éloigné de dix à douze minutes de notre demeure. Cependant, avant d'aller en classe, nous déjeûnons ... La classe dure deux heures et demie et se fait par deux professeurs différents ... L'un est un homme d'environ trente-cinq ans, qui enseigne déjà depuis quatorze ans. Le feu de la jeunesse n'est pas encore éteint en lui. Il joint à des connaissances extraordinaires le talent de les communiquer aux autres. c'est un homme, en un mot, dont je regretterais de devoir perdre une seule leçon. Les études au Collège Romain sont des plus fortes. Je ne doute nullement que je ne passe avec beaucoup de fruit les quelques années que j'espère séjourner à Rome.

"Le Collège Romain est compté à bon droit parmi les plus grands édifices de la cité. On y instruit la jeunesse depuis l'ABC jusqu'à la théologie. On commence par le latin et l'on finit par la théologie, de manière que le nombre des étudiants, grands et petits, qui se rencontrent tous les jours, à la même heure, quoique dans des salles diverses, s'élève à peu près à deux mille. Oui vraiment, nous sommes fiers d'appartenir à un tel collège.

"Les classes finies, nous assistons à la sainte messe dans l'église attentante au Collège. Oh ! le beau spectacle que ces deux mille jeunes gens agenouillés avec ordre dans l'enceinte de l'église ! Après la sainte messe, les Hollandais s'attendent les uns les autres devant la porte du Collège. Quel bonheur alors de se voir et de s'entretenir quelques moments ! Ensuite chacun se retire en sa demeure et étudie dans sa chambre, jusqu'à ce que la cloche sonne onze heures et demie, heure habituelle du diner ...
"A deux heures après-midi les classes recommencent. Comme le matin, elles durent deux heures et demie. Vers cinq heures, chacun se retire de nouveau dans sa chambre et passe la soirée avec ses livres ...
"Voilà mon genre de vie ordinaire. Maman avait coutume de dire que nous étions des promeneurs ou des voyageurs d'Emmaüs, je voudrais qu'elle nous vît un peu à Rome. Ici nous sommes ensemble nuit et jour; nous mangeons, nous buvons, nous nous promenons, nous étudions ensemble; en un mot, voit-on Beelen ? on voit Hafkenscheid; voit-on Hafkenscheid ? on voit Beelen."

Une amitié si intime entre deux jeunes gens pleins de talents devait nécessairement favoriser d'une manière notable leurs progrès dans les sciences. Ils travaillaient avec une ardeur qui ne se ralentissait point. Des occupations incessantes, écrivait Bernard à ses parents, m'ont empêché presque des mois entiers de songer à la maison paternelle ou à des affaires de famille ... Que s'il se répandait le bruit de quelque nouvelle, je ne le saurais même pas; car durant ces derniers mois, j'ai gardé la chambre, comme un ermite, depuis le matin jusqu'au soir." - Souvent même leurs heures de repos étaient employées à agrandir le cercle de leurs connaissances. Une chambre attentante à la leur était occupée par un avocat français, qu'ils ont dépeint comme "un homme de grand mérite, très honnête et très religieux.” Après avoir consacré, le soir, un temps considérable à l'étude, ils avaient coutume d'aller passer quelques moments avec leur voisin. L'entretien roulait alors sur les ouvrages de Lammenais, de de Bonald et autres; de sorte que cette récréation quotidienne leur était de la plus grande utilité. Par l'entremise de cet avocat, ils firent la connaissance du savant dominicain, de la Marche, et du célèbre théatin, Ventura; ils eurent même plus d'une conversation avec eux. Les relations avec de tels hommes durent nécessairement exercer une influence des plus salutaires sur l'esprit et sur le coeur de nos deux étudiants.

Bernard évitait toute espèce de société, afin de mieux jouir de la compagnie de ses livres. Ses parents lui ayant posé la question suivante : "Quels sont ceux que vous fréquentez ? " Il leur répondit : "Vous désirez que je vous fasse connaître ceux que je fréquente ? Eh bien, permettez-moi de vous dire leurs noms. Un des principaux personnages avec qui j'ai lié amitié, c'est saint Thomas, surtout dans sa "Somme théologique". Du matin au soir, il est en ma chambre, et même sur ma table ! Ce saint Auteur n'est pas facile à comprendre. Cependant à force de temps, je me suis tellement habitué à sa manière de parler, que je m'entretiens bien souvent avec lui jusqu'à minuit. Vous ne sauriez croire combien sa conversation m'est agréable. Jamais je ne le quitte sans avoir appris de lui quelque chose de nouveau. Les jours libres, c'est-à-dire le jeudi et le samedi, il m'arrive de passer plusieurs heures avec Lamennais, qui m'est d'un grand secours dans mes études théologiques, mais surtout philosophiques. (Alors la gloire de Lammenais n'était pas encore ternie par son orgueilleuse révolte contre l'Eglise).

"Vous comprenez bien que je ne m'occupe pas toujours de ces études si sérieures : l'arc ne saurait être toujours tendu. C'est pourquoi je rends de temps en temps une visite au poète italien le Tasse; d'ordinaire nous nous entretenons alors de la "Jérusalem délivrée" par Godefroid de Bouillon. Ce n'est ni de la philosophie, ni de la théologie; mais c'est si supérieurement beau et utile, que souvent je dois me plaindre de ne pouvoir goûter plus longtemps le plaisir d'une telle conversation ... Je fréquente Téa, qui a publié une belle "Description de Rome". Pendant les dernières vacances je lui ai souvent donné le bras, et j'ai vu et admiré sous sa conduite la vieille Rome avec ses monuments.

Que vous en semble ? Ne sont-ce pas là de belles et bonnes compagnies ? Je suis sûr qu'on ne pourrait former à Rome de meilleures liaisons. Aucune liaison avec quelque romain que ce soit, ne saurait être mise en parallèle avec les miennes. Je pourrais facilement, si je le voulais, être chaque soir dans telle ou telle société; mais je n'y tiens nullement. Je cherche des compagnies qui puissent m'être utiles pour l'esprit et pour le coeur.

"Peut-être fréquenté-je quelques savants ? - Ah ! oui; il y en a cinq ou six, qui me témoignent une grande affection. Ce sont mes professeurs, avec qui je puis converser aussi souvent et aussi longtemps que je le désire. Eux exceptés, je ne connais presque personne ... mais aussi je n'ai, à proprement parler, besoin de personne. Mes professeurs, mes livres, mes compagnons d'étude, hollandais et romains, sont pour moi la société la plus agréable que je puisse et doive fréquenter. Déjà depuis deux ans je converse avec eux, et je continuerai à m'attacher à eux tout le temps qu'il me reste à passer ici. Personne, hormis eux, ne saurait me procurer des médailles et des grades. (Comme nous le verrons bientôt, au moment où il écrivait ces lignes, son application à l'étude avait déjà été couronnée). Un travail non interrompu, voilà le seul moyen d'avancer et de faire des progrès qui méritent récompense. C'est à Rome que je suis devenu un peu philosophe, comme on dit vulgairement, et j'espère le devenir encore davantage ... C'st pourquoi nous sommes presque toujours dans nos chambres, étudiant de toutes nos forces, sans nous soucier beaucoup de ce qui se passe à Rome ou ailleurs. En vivant de la sorte, je crois vivre comme il faut, et acquérir l'esprit de l'état que j'ai choisi et que j'espère embrasser un jour".

Le temps des vacances était, pour lui et pour son ami Beelen, un temps de repos que tous deux savaient encore mettre à profit. Souvent alors ils faisaient ensemble un voyage dans l'une ou l'autre partie de l'Italie; ils visitaient les sanctuaires célèbres si nombreux sur cette terre éminemment religieuse. Mais s'ils restaient à Rome, les livres n'étaient pas absolument abandonnés. "Vous ne manquerez pas de me demander, écrivait encore Bernard à ses parents, comment il m'a été possible de passer deux mois dans les loisirs des vacances; écoutez combien ce fut pour moi chose facile ... Le matin, je m'occupais à achever quelques traités que les vacances nous avaient fait interrompre; j'avoue que, assez souvent, je devais cesser le travail pour recevoir la visite de l'un ou l'autre ami, qui certes était toujours le bienvenu ! Plus d'une fois, je fis à ces amis le reproche qu'ils me dérangeaient trop rarement. Vers midi, nous nous rendions au restaurant, ce que je n'oubliai jamais de faire; car sachez que, si jamais je deviens aussi ponctuel pour tout le reste que pour ce point-là, je rentrerai dans la patrie comme un modèle de régularité. Après le repas, se faisait la promenade soit à l'intérieur de la ville, soit au dehors; et au coucher du soleil, nous étions rentrés au logis. - Mais les soirées, comment les passions-nous ? - Oh ! fort agréablement. D'ordinaire je faisais une lecture amusante dans quelque poète italien. Ensuite nous allions souper; et alors nous avions des entretiens si animés sur je ne sais quelles matières, que la fin du repas coïncidait bien souvent avec le temps du coucher. Vous voyez que cette façon de vivre ressemble fort à celle d'un rentier ... Et cependant cela ne tarda pas à me devenir ennuyeux".

Peut-être plusieurs de nos lecteurs se feront-ils cette question que Bernard lui-même mit un jour dans la bouche de ses parents : "Quelles étaient donc les récréations favorites de notre jeune étudiant à Rome ?" - Précédemment déjà nous avons dit que, dès son bas âge, Bernard avait eu un grand attrait pour la musique. A Rome, la musique "devint chaque jour sa grande et pour ainsi dire, son unique récréation au milieu de ses études." Aussi était-il souvent question dans ses lettres de la musique qu'il avait entendue à Rome, et il savait l'apprécier avec un goût exquis. Grande était sa joie lorsque, assis au piano, il exécutait avec ses amis les pièces de musique qu'on lui envoyait d'Amsterdam; lorsqu'il parcourait avec eux cette magnifique "Création" de Haydn, qu'il comparaît à une source capable d'étancher complètement la soif de la musique. Il avait fait connaissance avec un prélat romain, qui, contraint par son âge avancé de renoncer à la musique, avait mis son piano à la disposition de Bernard de son ami Beelen et de l'avocat français. Ceux-ci profitaient habituellement de cette offre bienveillante le jeudi, qui était pour eux un jour libre, ainsi que nous l'avons vu.

Une autre occasion de satisfaire son amour de la musique s'offrit bientôt à Bernard : on lui donna place, en qualité de soliste-ténor, parmi le petit nombre de chantres choisis dans le Collège Romain pour rehausser l'éclat des cérémonies religieuses qui se célébraient dans l'église de cet établisssement. Chaque dimanche, dans l'après-midi, on faisait dans cette église le catéchisme aux élèves du Collège; ensuite le choeur exécutait les plus beaux chants italiens et latins. Ce fut à ce propos que Bernard écrivit un jour : "La musique que nous exécutons est si belle, si magnifique, que je goûte de vraies délices à chanter à l'église." La beauté, la sonorité de sa voix fut bientôt remarquée; on accourait en foule à ses réunions, afin d'entendre ce "Cantore olandese", et les Italiens se disaient souvent pleins d'admiration : Che bellissima voce! Che bellissima voce ! (Quelle belle voix ! Quelle belle voix !). Après une épreuve qu'il subit avec succès, Bernard fut même admis à concourir pour l'office de chantre pontifical; mais, à son grand regret, il lui fallut renoncer à cet honneur, lorsqu'il eut appris que personne ne pouvait être admis comme membre de la chapelle pontificale, à moins de s'engager à en faire partie pendant vingt-cinq ans [2].

Une application aussi assidue, un zèle aussi persévérant pour se perfectionner dans les sciences qu'il était venu étudier à Rome, tout en assurant à notre séminariste une large part dans l'amour et l'estime de ses supérieurs, ne pouvaient manquer d'obtenir les plus heureux résultats. Aussi, d'après le témoignage même de ses maîtres, Bernard fut-il un des élèves les plus remarquables du Collège Romain; il avait d'ailleurs avec lui la bénédiction divine qu'il implorait chaque jour, et qui lui préparait d'éclatants triomphes.

Le jeune Hafkenscheid n'était encore qu'à la fin de sa première année d'étude dans la Ville éternelle, quand une dissertation "de seria Dei voluntate salvandi omnes omnino homines [3]," dissertation dirigée contre la cinquième proposition condamnée de Jansénius, lui valut la médaille d'argent en théologie dogmatique. Nous ne résistons pas à l'envie de reproduire presque intégralement la lettre qu'il envoya à ses parents pour leur annoncer ce triomphe. On y voit briller une noble fierté, une joie candide, une vive satisfaction, qui prenait en partie sa source dans la pensée du bonheur qu'il allait procurer à sa famille; son caractère s'y révèle mieux que nous ne pourrions le révéler nous-même.

"Assurément vous avez déjà reçu de moi des lettres qui vous ont été agréables, et qui ont réjoui votre coeur. Cependant, j'en suis sûr, autant que je suis sûr que le Pape est à Rome, jamais vous n'en avez reçu d'aussi agréable que celle-ci. Réjouissez-vous, bon père, bonne mère; réjouissez-vous, bien-aimés frères et soeurs, et vous aussi, amis et connaissances. Mais toutes vos joies réunies ne seront pas encore à l'unisson de la mienne. Quelles agréables surprises nous sont parfois réservées ! Oh ! la soirée du 5 de ce mois (septembre 1829), quelle soirée ! Tous les Amsterdamois, tous les Hollandais d'ici en furent comme hors d'eux-mêmes ! - Mais qu'est-ce donc qui nous a tant réjouis ? - Quelle question ! - Qui donc, je vous prie, ne se serait pas réjoui d'avoir remporté le premier prix de théologie dogmatique, la médaille ? Etre le premier Hollandais qui remporte le premier prix à Rome, au Collège Romain ! N'y a-t-il pas là sujet de se livrer à l'allégresse ? ...

"Le 5 de ce mois, à quatre heures après-midi, eut lieu la distribution des prix. Un brillant orchestre prit place dans l'église, devant l'autel, au milieu de décorations et de draperies de tous genres. Peu s'en fallut que je ne vinsse pour cette circonstance en tenue ordinaire, tant je songeais peu à recevoir le prix d'honneur. A l'arrivée du Général des Jésuites, suivi de tous les professeurs et d'autres personnages invités à la cérémonie, l'orchestre entonna une symphonie telle que l'église en fut comme ébranlée. Le R.P. Roothaan [4], qui présidait, ayant pris place au milieu de l'église sur un trône élevé et tendu de rouge, un des professeurs prononça un discours; après quoi un étudiant de la Compagnie de Jésus monta dans la chaire superbement ornée, pour proclamer les noms de ceux qui, cette année, avaient remporté les prix. Voilà que mon nom est proclamé ! ... Comment ce jésuite parvint-il à prononcer si bien nom si barbare ? ... Conduit par un Père jésuite, je fus présenté au Général, et là, moi, amsterdamois, je reçus de la main d'un compatriote la médaille d'argent ! Lorsque je l'eus reçue, l'orchestre se mit à jouer une pièce tellement animée, tellement gaie, que reconduit par le même jésuite, j'allai presque en dansant occuper la place de distinction destinée aux lauréats ... Mais tout n'était point terminé. A peine fûmes-nous sortis de l'église, que mes condisciples hollandais se cotisèrent pour célébrer cet évènement en grande pompe. Hier soir, ils sont venus me trouver dans ma chambre au nombre de neuf. Nous bûmes du thé hollandais, nous fûmames une pipe hollandaise. Vous nous connaissez assez pour deviner ce qui se passa entre nous ce soir-là. Vraiment, nous n'avons jamais passé à Rome une soirée aussi joyeuse. - "J'éprouve trop de joie pour vous parler d'autre chose. Quelle nouvelle, après tout, pourrais-je vous annoncer qui eût quelque intérêt, après cette nouvelle unique dont je m'empresse de vous faire part ? "

Pour juger de la satisfaction qu'éprouvèrent en cette circonstance les étudiants hollandais, et de la franche cordialité avec laquelle ils applaudirent au triomphe de Bernard, il suffit de lire l'extrait suivant d'une lettre écrite par l'un d'entre eux: "Vous savez qu'à la fin de l'année scolaire, c'est la coutume dans notre Collège, d'assigner l'un ou l'autre point choisi dans les traités étudiés précédemment. Le point assigné est la matière d'une dissertation à faire "sine ullo librorum adjumento.

Ad scholas veniant instructi cum charta et calamis tantum. [5]"
"Outre les scholastiques des Jésuites et les élèves du Collège Germanique, tous les élèves du Collège Romain qui ont suivi, durant l'année, les leçons de théologie, sont admis au concours. Eh bien, dans une de ces dissertations, la médaille a été gagnée par qui ? - Par notre ami Hafkenscheid, qui l'a obtenue, proecedentibus nequidquam Italianis [6]. Que vous en semble ? Cela seul vaudrait presque la peine de venir à Rome. Il faut que cette dissertation ait été conduite avec beaucoup d'intelligence. Je me réjouis de ce que les Amsterdamois ont fait, dès la première année, si belle figure à Rome. Cette médaille suffit à elle seule pour établir la réputation de toute la colonie hollandaise. Nous avons célébré entre nous cette victoire amsterdamoise d'une manière fort joyeuse. Nous nous sommes aussi concertés, et nous avons décidé comment nous nous y prendrons l'année prochaine, si pareil cas se présente de nouveau parmi nous."

Que personne ne s'avise de blâmer ces démonstrations cordiales, ce naïf enthousiasme, non plus que ces parties de plaisir qui réunissaient souvent, surtout pendant les vacances, nos jeunes étudiants hollandais, soit à l'occasion d'un repas commun, soit à l'occasion d'une soirée amusante. L'Eglise ne prétend nullement retrancher toute espèce de récréation aux jeunes gens qu'elle prépare au sacerdoce, ni les obliger à une gravité qui dépasse la mesure de ce que comporte leur âge. Une franche gaité, la fréquentation de quelques amis d'un commerce agréable, peuvent s'allier fort bien à un zèle infatigable pour l'étude et à des efforts soutenus pour la pratique de la vertu. Ce n'est point à tort que Bernard écrivit un jour : "Où est l'homme qui, devant chaque jour se livrer à des études sur Dieu et les attributs divins, ne se permettra pas volontiers de temps en temps quelque délassement agréable ? A la vérité, je suis devenu un peu plus sérieux; cependant, quand l'occasion se présente, je suis encore le même qu'auparavant. Demandez-le à mes compagnons; tous vous diront, j'en suis sûr, qu'il en est ainsi."

En effet, les témoignages de ses condisciples, que nous avons pu recueillir, certifient que Bernard était l'âme et la joie du cercle des jeunes Hollandais, et que leur entrain perdait beaucoup quand "Hafje" (c'était ainsi qu'on le nommait par abréviation) était absent. Lorsque parfois ils faisaient au nombre de dix à douze, une petite excursion de vacances, c'était lui qui réglait tout, qui avait soin de tout, qui déterminait la route à parcourir; et chacun alors de le suivre comme le meilleur des guides. Ces délicieuses réunions ne contribuaient pas peu à fortifier chaque jour davantage les liens d'amitié qui unissaient le groupe des étudiants hollandais. Elles les détournaient de certains divertissements qui eûssent été nuisibles à leurs études; elles leur procuraient l'occasion de jouir largement, quoique d'une manière toujours innocente, des récréations du jeune âge, et aussi de s'édifier par de mutuels exemples de vertu. Tantôt ils s'entretenaient de leurs familles respectives, se transportant ainsi en esprit au foyer domestique; tantôt ils traitaient l'une ou l'autre question concernant leurs études. Il n'était pas rare qu'ils évoquassent le souvenir de Hageveld, des joies qu'ils y avaient goûtées, de l'affection dont ils y avaient été l'objet, et alors revenait toujours ce voeu cher à leurs coeurs : "Plaise à Dieu que bientôt les efforts de notre vénéré et bien-aimé régent soient couronnés de succès, et que les séminaires ouvrent de nouveau leurs portes aux catholiques hollandais !" La Providence divine qui dirige tout avec une sagesse admirable, les exauça au delà de leurs demandes. †
[Typed by Mr Aime Dupont of Flanders]

Footnotes
[1] Vicino alla Fontana Tresi, n° 89.
[2] La chapelle pontificale date du temps de saint Grégoire le Grand. Ses membres sont placés sous la surveillance du Pape et ne chantent que devant lui. Tous leurs statuts sont sanctionnés par des décrets pontificaux. C'est un fait notoire que les Hollandais ont été, pendant de longues années, la gloire de cette chapelle.
[3] De la volonté sincère de Dieu de sauver absolument tous les hommes.
[4] Le R. P. Roothan, alors Général de la compagnie de Jésus, était également natif d'Amsterdam.
[5] Sans l'aide d'aucun livre. On n'apporte en classe que des plumes et du papier.
[6] A ce propos on ne lira pas sans intérêt une note qui nous est communiquée par Mgr. Bogaers, un des condisciples de Bernard, actuellement doyen de Cuick (Hollande).
“J'ai encore entre les mains, dit l'auteur de la note, la liste authentique de la distribution des prix au Collège-Romain en 1829. J'en extrais ce qui suit :

Prix décernés aux élèves de Théologie.
Pour la classe du matin :
1er Prix – Vincent Pecci (aujourd'hui Joachim).
2me Prix – Jean Corley.
Accessit – Bernard Hafkenscheid.
Pour la classe du soir :
1er Prix – Bernard Hafkenscheid.
2me Prix – Vincent Pecci.
Vincent, ajoute Mgr. Bogaers, était le nom de baptême de Sa Sainteté Léon XIII. Il le changea, suivant l'usage d'Italie, lorsqu'il fut nommé nonce à Bruxelles.
Parmi les brillants sujets du Collège Romain à cette époque, il faut encore citer Mgr Vecchiotti, qui obtint le premier prix de théologie en 1831, et qui fut plus tard internonce à La Haye.

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Wednesday, 18 November 2009

Rev. Fr Joseph DeMeester, C.SS.R. (1862-1939)

Father DeMeester was born at Roulers, Belgium, on 29 August, 1862 and made his Holy Profession on 15 October, 1882. He was ordained to the Sacred Priesthood on 8 October, 1888.

He was a great and very popular Redemptorist Missioner. His sermons – simple in form but rich in depth, and delivered with an uncommon warmth and conviction, made him a particularly sought after orator.

In the course of his apostolic career which spanned nearly half of a century he preached 1170 Missions and retreats. His varied eloquence touching all classes of persons. Because of his talent for preaching it was his task over many years to introduce his younger confreres to the art of sacred oratory.

He was the director of the Association of the Holy Family as well as the Work of the Foreign Missions. The latter was particularly dear to him and he spread it with a zeal to which many a Missioner rendered homage.

But above all Father DeMeester was a man of prayer. Death, which came on him suddenly at Jette on 10 January, 1939, did not find him unprepared.
[From Father's mortuary card.]

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Tuesday, 17 November 2009

Rev. Fr Henricus Ducarmois, C.SS.R. (1862-1939)

Father Ducarmois was born at Ronser, Belgium, on 21 October, 1875, and made his profession on 5 October, 1893.

He was ordained a priest on 4 October 1901 and left for the Congo Missions on 26 March, 1905. True to the voice of God that he had heard, Father consecrated himself wholeheartedly to the Congo. His strapping health and his burning zeal for souls seemed to signal to all a long and fruitful life. But God willed otherwise and wished to call him unto Himself. He was to die within 5 months at the Mission of Kinkada on 15 July, 1905.

The harvest is indeed plentiful but the labourers are few. Leave thy land and thy people, saith the Lord, and come out of the house of thy father and come into the land that I will show you. †

[From Father's mortuary card]

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